La Liste rouge de la faune de Martinique (2020) : une situation préoccupante

La Liste rouge de la faune de Martinique (2020) : une situation préoccupante

Alors que des travaux similaires ont actuellement démarré en Guadeloupe, les résultats de la Liste rouge de la faune de Martinique viennent de paraître. L’objectif d’une Liste rouge est d’évaluer le risque d’extinction des espèces indigènes*, c’est-à-dire les espèces qui sont naturellement présentes sur le territoire. En Martinique, la situation décrite est préoccupante : 15% des 427 espèces indigènes* évaluées sont menacées d’extinction. Les groupes d’espèces étudiés sont notamment : les mammifères, les oiseaux, les reptiles, les amphibiens, les poissons et crustacés d’eau douce, et une partie des insectes.
Les menaces pesant sur la faune martiniquaise sont principalement la destruction et la fragmentation des habitats liées à l’urbanisation, ainsi que la déforestation. La pollution lumineuse est quant à elle très néfaste pour les espèces nocturnes, tandis que l’assèchement de milieux humides (comme les mares) ou les rejets d’eaux usées et de pesticides sont d’autres facteurs qui impactent les espèces effectuant une partie de leur vie en milieu aquatique.
Exemple de trois espèces menacées d’extinction : la Tortue verte, le Cachalot et la Baleine à bosse
La Tortue verte, le Cachalot et la Baleine à bosse sont trois espèces qui ont en Martinique un niveau de menace qui est encore plus critique que leur niveau de menace à l’échelle mondiale. Les catégories d’espèces menacées d’extinction de l’UICN se répartissent en 3 volets :

• CR signifiant « en danger critique » ;
• EN signifiant « en danger » ;
• VU signifiant « vulnérable ».

Ainsi :

• la Tortue verte est « en danger critique » d’extinction (« en danger » à l’échelle mondiale)** ;
• le Cachalot est « en danger » d’extinction en Martinique (« vulnérable » à l’échelle mondiale) ;
• la Baleine à bosse est « vulnérable » en Martinique, alors qu’elle n’est pas menacée au niveau mondial.

La Petite sterne (Sternula antillarum) est classée comme espèce menacée « en danger » en Martinique". L’Iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima) est quant à lui classé « en danger critique » en Martinique.
Certaines espèces - dont des espèces endémiques - qui n’ont pas pu être évaluées à cause d’un manque de connaissance et d’information sur leur répartition et leurs effectifs, présentent potentiellement des enjeux de conservation également importants.
Considérant les similitudes entre la Guadeloupe et la Martinique concernant aussi bien leur biodiversité que les menaces pesant sur celle-ci, les résultats des travaux menés pour la Martinique préoccupent d’ores et déjà les gestionnaires de la biodiversité en Guadeloupe.

Travaux en cours en Guadeloupe

En Guadeloupe, la tenue d’ateliers d’évaluation d’un certain nombre d’espèces faunistiques de l’archipel est prévue d’ici 2021. Cette évaluation permettra à terme de disposer d’outils similaires à ceux venant d’être publiés en Martinique. Pour l’heure, des experts chargés de préparer ces ateliers s’occupent de la phase dite de pré-évaluation, c’est-à-dire qu’ils rassemblent et analysent les travaux disponibles sur la faune de Guadeloupe afin d’avoir la vision la plus large et la plus précise possible sur son état actuel. Des ateliers seront ensuite conduits collégialement afin de valider les statuts de chaque espèce. À l’issue de la publication de la Liste rouge, la règlementation concernant la protection des espèces peut être amenée à évoluer afin d’être à la hauteur des enjeux. Par ailleurs, la Liste rouge de la flore vasculaire de Guadeloupe a déjà été publiée fin 2019. On y relevait également 15% des espèces végétales évaluées menacées (http://www.guadeloupe.developpement-durable.gouv.fr/liste-rouge-uicn-des-especes-menacees-flore-a2964.html).

* Une espèce indigène est une espèce qui se trouve naturellement sur un territoire (à la différence des espèces exotiques).
** Les Tortues vertes, par exemple, sont menacées par les captures accidentelles dans les filets de pêche, les collisions avec les bateaux, mais aussi la pollution des eaux par les plastiques. Ces tortues se nourrissent d’herbiers, qui eux-mêmes sont menacés à la fois par l’invasion d’un herbier exotique, et détruits par les ancres de bateaux.

Retrouvez plus d’infos sur la publication de la Liste rouge de la faune de Martinique :

- sur le fascicule de la Liste rouge de la faune de Martinique : https://inpn.mnhn.fr/docs/LR_FCE/Fascicule_liste_rouge_faune_martinique_2020_04_vf.pdf

- sur le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel : https://inpn.mnhn.fr/actualites/lire/11021/

- sur le site de l’Union internationale pour la conservation de la nature : https://uicn.fr/liste-rouge-faune-martinique/

Partager la page

S'abonner