Le séisme du 8 février 1843 : 175 ans déjà

Il y a 175 ans, un séisme majeur (magnitude estimée à 8,5 sur l’échelle de Richter) est ressenti en Guadeloupe. Il est suivi à Pointe-à-Pitre d’un incendie qui dure près d’une semaine. Les pertes humaines et matérielles sont considérables. Nous nous appuyons ici sur le témoignage d’un Pointois d’il y a de ça 7 générations, M. Eugène Testut, directeur d’école dans la ville, pour vous raconter avec ses mots, forts d’émotions, cet événement historique (témoignage publié fin février 1843 dans Le Journal de la Martinique).

« Courage, ma plume, courage, car je frémis !… » écrit Eugène Testut, retranscrivant « la lugubre histoire de cinq ou six jours d’éternelle, de sanglante mémoire ».

« Le 8 février s’est levé… et la Pointe-à-Pitre si laborieuse, si riche, si coquette, si confiante, s’est abîmée avec d’horribles craquements : 2 minutes ont suffi pour en faire un monceau de ruines méconnaissables, pour faire de ses nombreux et riches habitans des cadavres hideux, des estropiés, ou des malheureux sans toit, sans pain ! ».

Le cadran de l’église de Pointe-à-Pitre était encore debout, ce 8 février 1843, pour indiquer l’heure du désastre : 10h35. Les aiguilles restèrent figées, fascinant les témoins du tremblement de terre qui ravagea la Guadeloupe : « les horloges restées debout ne donnaient plus les heures, le tremblement de terre avait arrêté leurs aiguilles à dix heures trente cinq minutes, heure fatale, heure à jamais mémorable ! ».

Mémorable, le séisme fut suivi d’un terrible incendie qui « allait toujours étendant ses ravages, dévorant de nouvelles victimes » ainsi que de nombreuses secousses décrites comme « le corps du moribond qui rend les derniers soupirs ». La nouvelle n’arriva en métropole qu’un mois plus tard. Le bilan fait état de presque 3000 morts : « Le tremblement de terre du 8 février et l’incendie instantané qui a eu le courage de venir brûler des ruines (…) sont un de ces épouvantables bouleversements que nous redirons à nos derniers neveux qu’ils ne nous croiront pas ! […] ».

Eugène Testut nous décrit, sous le coup de l’émotion, une ville en état de chaos : « Oh ! que de drames à rendre fou au milieu de ce drame immense, atroce ! que de sublimes dévoûmens enfouis dans l’ombre, engloutis, dévorés par le double fléau ! […] voyez-vous cette mère éplorée, folle, l’œil hagard, le sein déchiré, les cheveux blanchis par les décombres… elle cherche, elle appelle… son pied heurte une pierre : elle tombe… […] elle a retrouvé le corps de sa fille chérie ».

N’oublions pas : le risque sismique existe en Guadeloupe ! Un séisme de même magnitude que celui de 1843 est amené à se reproduire – sa date reste en revanche imprévisible. L’empêcher est impossible, mais réduire ses conséquences est à notre portée : préparons nous ! Pour connaître les gestes à adopter en cas de séisme : http://www.gouvernement.fr/risques/seisme

Destruction de la Pointe-à-Pitre par un tremblement de terre, dessin composé sur les indications de M. Lemonnier de La Croix, gravure de Daubigny, atelier A. B. L. in L’Illustration n°3, 18 mars 1843 (Cliché B. M . Grenoble).

Les extraits cités et l’illustration apportée sont extraits de : J. Picard et al., « La Pointe-à-Pitre n’existe plus… ! » Relations du Tremblement de Terre de 1843 en Guadeloupe, Gosier, Caret, « Petite bibliothèque du Curieux créole », 2003, 271p.

Nota bene : L’orthographe dans le texte cité est celle de l’auteur et il a été choisi de la conserver.

Partager la page

S'abonner