Matinée d’échanges du jeudi 19 octobre 2017

A l’initiative de la DEAL et du CNFPT, 70 personnes issues des collectivités locales et des institutions du monde de l’aménagement, se sont réunies le 19 octobre 2017 à la salle Rémy Nainsouta autour du thème « Ville durable et adaptation aux effets du changement climatique ».

L’objectif de cet atelier était de faire connaître les réflexions en cours sur l’adaptation aux changements climatiques et de débattre autour des propositions qui seront faites, compte tenu des récents évènements climatiques. En effet, la mise en œuvre d’une politique visant à rendre un territoire moins vulnérable semble un défi qui nécessite une appropriation de tous les acteurs du territoire.
Le climat est un phénomène complexe dont la compréhension implique des spécialistes de différents domaines. Ainsi, les recherches du Laboratoire LARGE, rapportées par N. Zahibo et D. Bernard, mettent en évidence les effets de la montée des eaux et l’intensification des aléas climatiques. A noter le fait que le territoire subit des transformations dites « silencieuses », visibles uniquement sur le long terme.
L’Université des Antilles et le BRGM ont quant à eux recensé les cyclones historiques et ont établi une base de données sur les cyclones qui a permis la construction d’hypothèses et de scenarii (3 ans de calculs). A titre d’exemple, pour l’archipel, des tests ont été effectués après le cyclone Hugo (comparaison données / recueil des témoignages). A noter que la Guadeloupe prend part à l’exercice Caribe Wave, exercice grandeur nature de simulation d’un tsunami et qui concerne 17 territoires dans la Caraïbe.

Le laboratoire LARGE mène, également des travaux en collaboration avec les communes du Gosier, de Saint-François, du Moule et de Sainte-Anne. La superposition des enjeux et des données, est, par exemple, utilisée par le Gosier pour réaliser son document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM). L’adaptation au changement climatique requiert de l’ anticipation mais aussi des réactions à long terme. Il s’agit d’un processus permanent portant sur l’ensemble des éléments de l’activité humaine. Un projet « Changement climatique et conséquences sur les Antilles françaises » est mené avec la faculté de Montpellier, le BRGM et Météo France.

L’ADEME, représentée à cette matinée par J. Roch, s’investit pour sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique par les actions via son espace info énergie, du conseil en énergie partagée, ainsi que par des appels à projets, dont la démarche aménagement urbanisme durable (AUD) en partenariat avec le CAUE et la DEAL.

Pour le CAUE, H. Hippon et A. Grava ont présentéles actions de proximité en lien avec les collectivités : actions de sensibilisation des jeunes publics, permanence dans les communes, mission IRMA, (appel à manifestation d’intérêt « Trame Verte et Bleue », conseils sur la conception qualitative du bâti et l’adaptation aux normes de construction.

J. Danscoine a fait ressortir que la Région agit par la prise de mesures d’atténuation : habilitation énergétique, réglementation thermique Guadeloupe (RTG).

Ainsi donc, les collectivités peuvent s’appuyer sur des acteurs institutionnels pour mener à bien leurs politiques publiques en matière d’adaptation aux effets du changement climatique.

Le projet CARE (Caribbean city Laboratory), présenté par W. Cornélie et C. Modiano, a été au départ conçu afin que la Ville de Morne-à-l’Eau réponde à l’appel à projet des démonstrateurs industriels pour la ville durable. Ce projet propose, par modélisation, de faire subir à un quartier les contraintes du territoire afin de développer la connaissance en matière d’impact urbain du changement climatique. Il propose d’apporter une approche concrète tant en matière d’impact du changement climatique qu’au moyen d’une modélisation 3D permettant de simuler différents scénarios à différentes périodes. Cette modélisation apportera aux habitants de Morne-à-l’Eau, mais également aux habitants de la Guadeloupe, une occasion de se représenter visuellement les effets du changement climatique. Il apportera également une approche concrète en matière de réalisation permettant de s’adapter au changement climatique en proposant un quartier inscrit dans cette démarche (EcoQuartier résilient et évolutif).
La table ronde, animée par J-P Arnaud (DEAL), a réuni M. Bergopsom (AG50), A. Hannouz (Architecte conseil de la DEAL), V. Derussy (SEMSAMAR), J-L Romana (DGA ville du MOULE) et F. Chauvel (BE URBIS). Les interventions ont révélé la nécessité d’agir à la fois sur les politiques publiques et sur les comportements afin amoindrir les difficultés induites par les changements climatiques.

Dans l’aménagement du centre bourg du Moule, une réponse a été de reconstruire la ville sur elle-même. Les solutions suivantes ont été mises en œuvre : le rehaussement de la plate-forme de l’emprise du quartier, le recalibrage des réseaux, le calepinage en béton, l’enfouissement des réseaux. Ces choix induisent cependant des coûts élevés. Il s’agissait d’accepter et de composer avec l’aléa en optant pour la création d’une zone tampon et des activités ne demandant pas d’investissement lourd.

L’agence des 50 pas géométriques (AG50) régularise des terrains situés dans la bande des 50 pas géométriques. Cela concerne environ 10 000 constructions. Il est à noter que 2000 de ces constructions sont situées en zone rouge des plans de prévision des risques naturels (PPRN).

Par ailleurs, il est ressorti des débats qu’il est nécessaire d’assurer la salubrité du territoire, notamment en cas de crise. Un quartier résilient est un quartier dont les réseaux continuent de fonctionner après la catastrophe.

La pratique de l’autoconstruction peut être envisagée comme solution quoiqu’il existe un risque que les maisons soient construites sans respect des normes. Il est donc indispensable d’encadrer cette pratique.

D’autre part, bien que les risques soient pris en compte dans les PPRN, un transfert des connaissances reste indispensable afin de sensibiliser la population à la culture du risque. Il s’agit, plus généralement, de travailler à transmettre la connaissance du pays. Cela devrait d’abord être fait vers les publics jeunes. En effet, un changement des comportements passe nécessairement par l’éducation des mentalités.

Quelques questions demandent plus ample réflexion : Comment prendre en compte le vieillissement de la population dans le mode de construire ? Comment évacuer une population en cas de catastrophe ? Où aménager ?
Comment aménager durablement ?
Comment financer les aménagements ?

Fort de ces constats et questionnements, il est nécessaire qu’autour de ces préoccupations, une équipe projet soit constituée pour viser l’émergence de véritables stratégies de création de villes durable en Guadeloupe.

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