Séisme à Terre-de-Bas, 20 ans déjà - Témoignage de Félix Anténor-Habazac
Félix Anténor-Habazac (contrôleur général du SDIS 971) 20 ans après…
Petit-Bourg, dimanche 21 novembre 2004 – 7h42, comme tous les guadeloupéens profitant d’une grasse matinée, je suis encore au lit quand je ressens une première secousse.
Elle est suivie d’une autre beaucoup plus forte et je demande alors aux autres membres
de la famille d’évacuer la maison.
Directeur par intérim du SDIS de la Guadeloupe à cette époque, je consacre les instants
qui suivent à essayer d’évaluer les dégâts en contactant avec certaines difficultés liés
au réseau téléphonique notre centre opérationnel.
Après quelques heures, les premiers renseignements font ressortir que l’épicentre est situé entre le Sud de la Guadeloupe et le Nord de la Martinique et vers 11h je reçois un appel de la préfecture qui m’annonce un départ en reconnaissance avec l’hélicoptère DRAGON 971 sur l’archipel des Saintes qui semble le plus touché.
Outre les deux membres d’équipage de DRAGON, je me retrouve avec le préfet Paul
GIROT DE LANGLADES, le président de région Victorin LUREL et le président du conseil général Jacques GILLOT et après avoir décollé de la Préfecture de Basse-Terre , nous atterrissons quelques minutes après à Terre de Bas.
Nous avons été les premières autorités extérieures à être arrivées sur les lieux.
Notre premier contact sur place a été Mr le maire Fred BEAUJOUR qui nous confirme qu’il n’y a pas de décès à déplorer mais que des blessés qui sont déjà pris en charge.
Par contre, la population dont la moyenne d’âge est relativement élevée est absolument paniquée et refuse en particulier de retourner à l’intérieur des maisons. Tout le monde est rassemblé autour du nouveau collège seul bâtiment jugé capable de résister à un nouveau séisme. Le gymnase du nouveau collège est donc transformé en abri et la majorité de la population va y être regroupée.
Les premières actions sont essentiellement d’ordre psychologique afin de rassurer cette population et d’éviter la propagation des rumeurs telle que celle qui faisait croire que l’île pouvait s’enfoncer …
Le préfet fait demander en renforts des matériels de soutien et d’hébergement (lits picots, tentes, etc …) et veille à faire rétablir les réseaux. Un détachement de sapeurs-pompiers a été projeté les jours suivants afin de soutenir la population.
Nous sommes restés sur l’ile toute la journée et à peu près chaque heure une réplique était ressentie et provoquait à chaque fois la panique dans la population.
En 2004 nous avons eu beaucoup de chance car si le même séisme s’était produit sur la zone pointoise nous aurions surement eu de nombreux décès.
En 2024 nous devons continuer les actions de préventions de la population et ce dès le plus jeune âge. Certaines infrastructures ont pu déjà bénéficier de la mise aux normes sismiques via le financement des plans séismes (Fonds BARNIER) mais beaucoup reste à faire.
Le SDIS 971 s’est inscrit dans cette démarche et a développé depuis des années une unité sauvetage déblaiement (USAR) qui se prépare à obtenir la certification INSARAG en juin 2026 ce qui lui permettra d’assurer les secours selon des standards internationaux tant au niveau local qu’international.