Planugwa ou la ponte des coraux guadeloupéens

Franck Mazéas de la DEAL et correspondant IFRECOR s’est également investi dans le programme de recherches de la Mission Planugwa.
Nom de baptême : Planugwa (planula = larve ; Gwa comme guadeloupe).
Enjeu : reconquête des zones marines où les coraux sont en train de disparaître.
Objectifs : repeupler les fonds de la Guadeloupe en coraux en fécondation plus un développement in vitro ; associer la connaissance des équipes scientifiques à l’expertise en aquariologie.
Action : mise en place de protocole d’élevage par fécondation in vitro.
Chronologie des faits :
- 2005 - 2007 : discussion avec l’Aquarium de Guadeloupe pour tenter de récupérer les larves de coraux
- Passage du stade de l’observation à la science
- Contact entre aquarium de Guadeloupe, Océanopolis (Brest), La Rochelle.
- 2008 : récupération de larves de coraux à Porto-Rico par Dominique Barthélémy (Océanopolis) au sein du groupement d’aquariums "Secore" dans l’objectif d’étudier l’élevage de larves en aquarium.

2010_FM_heros_biodiv_france_2_ponte_coraux
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Franck Mazéas répond à nos questions :

Comment un tel projet scientifique peut-il servir vos objectifs de service ?
FM- J’observe la ponte des coraux guadeloupéens depuis 2003 à titre personnel. L’intérêt que je leur porte vient de ma formation à l’université du Pacifique.
C’est en 2009 que naît "Planugwa" grâce à l’engouement d’acteurs de la biodiversité marine, que j’ai activés dans le cadre du programme IFRECOR (initiative française pour la préservation des récifs coralliens).
10 ans d’observation personnelle et professionnelle qui alimente en données le "calendrier de ponte" à l’international.
C’est quelquefois "compliqué car on travaille de nuit (hors du cadre formel de l’administration) ! Une chance que ma hiérarchie me soutienne dans mes initiatives qui sont en cohérence avec la mise en œuvre de programmes nationaux (IFRECOR). J’ai un profil atypique qui s’ajoute aux autres compétences exigées en DéAL. Le Ministère de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie participe également au financement du projet "Planugwa".
Il m’est donc possible, d’allier le plaisir d’être sur le "terrain", de renforcer mes réseaux d’expertises et d’optimiser mes compétences dans un cadre ministériel. De toute façon, les récifs coralliens sont un enjeu pour l’archipel de Guadeloupe et la mission de la DéAL est de les préserver !

Quelles sont les retombées attendues avec la réussite de Planugwa ?
FM- Les récifs coralliens sont en danger en particulier en Guadeloupe. Des espèces sont menacées de disparition, comme le Corail "Corne d’élan" (Acropora palmata).
Je souligne le financement (2009 à 2012) du projet planugwa par la DéAL, les ministères de l’Ecologie, des Outre-mer, IFRECOR ainsi que la participation bénévole de tous les acteurs.

Quels échanges d’expertises peut-on envisager avec les voisins de la Caraïbe ?
FM- La ponte des coraux est observée ailleurs. La manipulation de "capture des gamètes" à des fins de fécondation in vitro en Guadeloupe, est une première dans tout l’outre-mer français !
C’est aussi l’histoire d’une passion qui réunit des personnes. La maîtrise du processus commence avec le suivi des pontes, la capture des gamètes, la fécondation in vitro, le développement des larves, la fixation des larves et le développement des colonies. Au sein de la DEAL, je sers de catalyseur, d’interface avec les Aquariums de Guadeloupe, Brest, La Rochelle, Marineland d’Antibes. J’y apporte ma connaissance des sites sous-marins, des dates, de la logistique, la plongée sécurisée, la prise de photos).
Il s’agit d’un réseau de 12 personnes impliquées pendant 10 jours pendant la période de ponte des coraux (2 fois par an durant 15 à 45 minutes la nuit). "Tout le monde participe à tout" !

La coopération régionale avec la Caraïbe

FM- L’expérience de Curaçao (dans les Antilles Néerlandaises) a été un appui considérable. Le programme NACRI (netherland coral reef initiative) encadrait l’observation de ponte des coraux par des plongeurs de Curaçao. En 2003, je me renseigne à la NOAA (national ocean agency atmospheric administration) sur les périodes de ponte recensées, et je place une quinzaine de filets dans les eaux marines de Guadeloupe.
je développe ainsi mon réseau d’acteurs caribéens pour échanger des dates et observations de ponte. Il faut savoir que depuis 2008 les scientifiques de la Caraïbe disposent d’une structure de recherche Carmabi) pour le suivi de ponte et la NOAA tiennent un calendrier des pontes de coraux. Le groupe "Secore" à Porto-Rico. Secore est un regroupement, d’aquariums européens, qui étudie les larves en aquarium.

Quels messages voulez-vous que l’on retienne de cette initiative corallienne ?
FM- Nous allons y arriver (dans trois ans !) ; on repeuplera ainsi des zones sous-marines avec des colonies de coraux qui auront poussé en laboratoire. Face aux prédateurs des larves et à la pollution des eaux, On "donne un coup de main à la nature, On la "booste" ! La Guadeloupe sera ainsi plus riches d’expertise, de biodiversité, de valorisation de son littoral

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